Les habitants de la commune
d'Imilchil sont en colère. Depuis dimanche dernier, ils n'ont pas cessé
de multiplier les protestations et les marches pour contester la
mainmise de l'Officie national de l'électricité et de l'eau potable –
ONEEP sur les ressources hydrauliques de la commune considérées comme
des ressources propres à la tribu d'Ait Haddou. Ils menacent même d'une
marche sur Rabat pour protester devant le siège de la présidence du
gouvernement. Pour eux, il n'est pas question de facturer
l'approvisionnement en eau potable surtout que la population de cette
localité vit dans la pauvreté et l'exclusion. "Les ressources en eau
potable d'Imilchil dépendent en grande partie d'un puits et d'une source
en eau qui sont la propriété de notre tribu et qu'on a exploités depuis
des lustres. C'est pourquoi, on trouve que c'est inacceptable que la
population paie ce qu'elle considère comme son droit", nous a déclaré un habitant de la commune.
Selon
lui, les problèmes ont commencé lorsque le conseil communal a confié à
l'ONEEP la gestion de la source et du puits creusé par le ministère de
l'Agriculture dans les années 1980 afin d'approvisionner en eau les
terres agricoles. "Ledit conseil a délibéré sans consulter la
population ni prendre en compte le niveau de vie des habitants
abandonnés à leur sort par l'administration et l'État", confie la source. En
effet, la localité d'Imilchil est située à une altitude moyenne de 2
300 mètres, dans la partie septentrionale du Haut Atlas. Une zone isolée
et enclavée qui regroupe une cinquantaine de villages et maisons
construites en pisé et une population qui vit dans une pauvreté extrême
et un taux d'analphabétisme élevé (le revenu par habitant ne dépasse pas
2000 DH/an). Mais il n'y a pas que le conseil communal qui est en
cause. Les habitants en colère ont tiré également à boulets rouges sur
l'ONEEP accusé d'exclure plus de 30 individus du raccordement aux
réseaux d'eau potable et d'électricité. "L'élargissement du réseau a été truffé de défaillances et peu nombreux sont ceux qui en ont bénéficié", indique la source.
Que proposent donc les habitants protestataires ? L'annulation de la
décision du conseil communal relative à la gestion de l'eau et de
l'électricité ainsi que la gratuité des services de l'ONEEP. Des
recommandations qui ne semblent pas avoir été prises en compte par le
conseil malgré les négociations menées par les autorités locales et qui
sont actuellement au point mort.
Du côté de l'ONEEP, la direction
régionale du centre-sud nous a confirmé que la gestion de l'eau dans
cette localité a été décidée suite à une délibération du conseil
communal et après la signature d'une convention. "On n'a aucun
problème avec la population de cette commune. Notre interlocuteur est le
conseil communal et non les habitants. Pour nous il est clair que tout
travail effectué induit des charges financières à payer", a déclaré un responsable de cette direction.
Hassan Bentaleb, Libération (Rabat) – AllAfrica 09-02-2013