Au milieu d'une
crise croissante de l'eau au Moyen-Orient et en Afrique du nord – MENA,
très aride, certains des experts mondiaux de l'eau les plus influents se
sont réunis du 15 au 17 janvier au Sommet international de l'eau – IWS,
à Abu Dhabi, aux Émirats Arabes Unis pour rechercher des solutions
durables.
La Banque mondiale a déjà prévenu que le MENA est au monde "la
région la plus pauvre en eau, (qui) abrite 6,3 % de la population
mondiale mais avec seulement 1,4 % d'eau douce renouvelable". Les
six pays qui composent le Conseil de coopération du Golfe – Bahreïn,
Koweït, Oman, Qatar, Arabie Saoudite et EAU – devraient dépenser la
somme astronomique de 725 milliards de dollars au cours des deux
prochaines décennies sur de nouveaux projets d'eau, des usines de
dessalement, la construction des infrastructures et des innovations de
haute technologie. Prié d'évaluer les problèmes de l'eau dans la région,
Dr Anders Jagerskog, maître de conférences et directeur des services de
connaissances à l'Institut international de l'eau de Stockholm – SIWI, a
déclaré à IPS: "La crise de l'eau dans la région du MENA est grave".
La région, a-t-il souligné, manquait d'eau douce pour parvenir à
l'autosuffisance alimentaire et disposait essentiellement de l'eau
nécessaire pour l'irrigation déjà dans les années 1970. "Mais depuis ce
temps, la région se débrouille grâce à l'importation accrue de 'l'eau
virtuelle', a-t-il noté, ce qui signifie "de l'eau incrustée ou utilisée
pour produire les aliments importés dans la région, par exemple". Le
problème est peut-être pire en Palestine, où il existe à la fois une
disponibilité très limitée ainsi que le conflit qui affecte gravement
les possibilités pour les Palestiniens de développer une gestion de
l'eau qui fonctionne bien puisqu'ils ne contrôlent pas les ressources en
eau, a-t-il ajouté. Outre les pays comme la Jordanie et le Yémen, la
demande en eau douce renouvelable a également continué à augmenter dans
les six pays du CCG, selon les experts de l'eau.
Le sommet d'Abu Dhabi, était concomitant à la Semaine du développement durable, organisée à Masdar – "ville
ville d'énergie verte durable de l'avenir" –, et a rassemblé les
principaux fournisseurs de l'ingénierie, des technologies et de services
au monde, et des financiers. Le sommet a aussi été l’occasion de le
Project Stream, dont la vocation est de devenir une plateforme de
réseautage qui reliera des fournisseurs de solutions à travers le monde
aux promoteurs de projets venus de la région. Ces projets, a indiqué
Peter McConnell, directeur de la foire de l'IWS, vont des entreprises de
construction d'infrastructures gouvernementales de plusieurs milliards
de dollars aux innovations de haute technologie dans des domaines tels
que le dessalement à faible consommation d'énergie, la prévention des
fuites d'eau et l'efficacité de l'eau. Le groupe industriel de
réflexion, Global Water Intelligence, qui collabore avec Project Stream à
Abu Dhabi, a annoncé de gros investissements prévus par les pays du
Golfe, équivalant à 725 milliards de dollars, au cours des deux
prochaines décennies. Entre 2013 et 2017, le Qatar envisage d'investir
quelque 1,1 milliard de dollars dans la capacité de dessalement à
travers des projets indépendants d'eau et d'énergie. Le Koweït a un
budget municipal combiné pour des investissements sur l'eau et les eaux
usées de 4,4 milliards de dollars de 2013 à 2016, alors que le budget
des EAU atteint 13 milliards de dollars. L'Arabie Saoudite devrait
dépenser environ 53,9 milliards de dollars au cours des deux prochaines
décennies pour construire, exploiter et entretenir des projets d'eau
afin de répondre à la demande croissante dans le royaume, selon les
estimations de GWI.
Thalif Deen, IPS (Nations unies) – AllAfrica 16-01-2013