Deux ans après avoir investi 20 millions d’euros dans de nouvelles installations et la refonte de son processus industriel qui lui ont permis de cesser définitivement tout rejet de boues rouges en mer, Alteo, leader mondial des alumines de spécialité basé à Gardanne, vient de démarrer la construction, sur son site de Gardanne, d’une toute nouvelle station de traitement de l’eau par injection de CO2, qui sera opérationnelle d’ici le 1er semestre 2019. Ce procédé unique au monde dans le secteur des alumines représente un investissement de plus de 6 millions d’euros. Il marque l’aboutissement de plus de deux années de recherche en laboratoire avec une vingtaine de partenaires puis sur un pilote industriel, mené en partenariat avec Air Liquide. Cette technologie innovante consiste à injecter du gaz carbonique dans l’effluent à traiter pour réduire le pH et transformer les métaux dissous en une forme solide. Les eaux résiduelles issues de cette neutralisation sont ainsi épurées. Grâce à cette station de traitement, Alteo prévoit d’atteindre, dès 2019, les normes de qualité concernant le pH et les concentrations métalliques dans les rejets liquides fixées pour le 31 décembre 2021 par l’autorisation d’exploitation du site de Gardanne du 28 décembre 2015. Par ailleurs, la solution permet de capter environ 6 000 tonnes de CO2 par an et d’éviter ainsi de les émettre dans l’atmosphère. "Dans le cadre de la réduction continue de notre empreinte environnementale, nous avons validé, grâce à une démarche collaborative entre nos ingénieurs et les équipes d’Air Liquide, une solution technologique innovante. La nouvelle station de traitement sera achevée début 2019, et après une phase de mise au point industrielle, permettra d’améliorer encore la qualité des eaux résiduelles", a déclaré Frédéric Ramé, président d’Alteo.
Seule usine de production d’alumines en France, Alteo emploie près de 500 collaborateurs, dont 450 sur le site de Gardanne. Les applications des alumines de spécialité se retrouvent dans la vie quotidienne : dans les matériaux de construction tels que le carrelage, dans les composants de produits high tech comme les écrans de smartphone ou de télévision, les batteries des véhicules électriques, les filtres à particules, les supports des puces électroniques.
NDLR – Après 50 ans de rejets polluants dans les calanques de Marseille, l'usine Altéo de Gardanne a obtenu en 2015 une nouvelle autorisation d'exploitation et un délai de six ans pour mettre ses rejets liquides aux normes. Un arrêté préfectoral publié le 21 juin 2016 a fixé les règles de stockage des déchets, imposant à l’industriel l'obligation d'adopter un plan pour "limiter au maximum les surfaces en cours d'exploitation, les infiltrations d'eau dans le massif de résidus et les envols de poussière". Les riverains et les associations de protection de l’environnement dénoncent un retour à la situation antérieure et contestent le délai de dérogation de six ans accordé par le Premier ministre d'alors, Manuel Valls, qui avait pris cette décision contre la volonté de sa ministre de l'Environnement Ségolène Royal qui y était fermement opposée.