La reconstruction de la station de traitement des eaux usées s’inscrit
dans le cadre d’une mise en conformité globale du système
d’assainissement de la Communauté de communes du Pays de Fontainebleau –
CCPF, et du respect des normes DERU, Directive européenne sur les
rejets urbains. Elle vise à garantir la bonne préservation du milieu
naturel, situé dans un cadre exceptionnel entre les bords de la Seine et
la forêt de Fontainebleau. Du fait de l’augmentation de la population,
surcharges de pollutions à traiter par temps de pluie, le
dimensionnement des ouvrages de l’ancienne station ne permettait plus de
traiter de façon satisfaisante les effluents de l’agglomération de
Fontainebleau-Avon. La CCPF a ainsi confié en décembre 2009 les travaux
de construction d’une nouvelle usine au groupement constitué par les
entreprises Degrémont, filiale de Suez Environnement, pour les filières
de traitement, Sobea Environnement et Botte Fondations, filiales de
Vinci Construction France, pour le génie-civil et les fondations. Cette
coopération réussie a permis une réalisation exemplaire dans le strict
respect d'un délai ambitieux malgré les intempéries de l'hiver 2011. La
pose de la 1ère pierre de la nouvelle station a eu lieu en avril 2010,
la mise en eau en janvier 2012 et la réception partielle de la station
en novembre 2012. Ce projet, d’un montant total de près de 24,3 millions d’euros, a été
cofinancé par la CCPF, l’Agence de l’eau Seine-Normandie, la région
Île-de-France et le Conseil général de Seine-et- Marne. La CCPF a
privilégié un coût de fonctionnement minimisé, afin de mieux maîtriser
le prix de l’eau payé par l’usager.
Une usine intégrée dans un site remarquable La station d’épuration de la
Communauté de communes du Pays de Fontainebleau a été construite sur un
site délimité par la forêt domaniale de Fontainebleau, classée Réserve
de Biosphère par l’UNESCO, d’un côté et la Seine de l’autre. Cette
implantation particulière et les dimensions de la parcelle ont nécessité
la création d’une station étendue en longueur et limitée en largeur. Pour répondre aux contraintes d’espace ainsi imposées par le terrain,
Degrémont a fait le choix d’un traitement par son bioréacteur à
membranes l’Ultrafor, qui combine épuration biologique par boues
activées et clarification sur membranes d’ultrafiltration dans un
ouvrage compact. Cette solution a permis de libérer du terrain pour la
création d’une aire écologique de biodiversité alimentée par l’eau de
sortie, liaison harmonieuse entre l’usine, la Seine et la forêt. Cette
aire est constituée de différents habitats humides (cascade, lagunes
plantées de végétaux locaux, roselière…) pour favoriser la biodiversité,
les processus épuratoires, et la dynamique avec la faune et la flore
locale et faciliter la réappropriation des bords de Seine par les
riverains. Le projet architectural et paysager de cette usine évoque la
poésie du site et rappelle la vocation fluviale et nautique de son
environnement proche. Vue depuis la rive opposée, sur laquelle se
présente le village du Bas-Samoreau, l’esthétique de l’ouvrage rappelle
une péniche amarrée en bordure de Seine.
La volonté de la CCPF est de faire partager cette vitrine
environnementale au plus grand nombre : l’ouvrage est visitable afin de
développer un projet pédagogique sur le développement durable. Après
l’accueil des visiteurs dans un bâtiment convivial, avec espace café et
auditorium, ceux-ci peuvent suivre un circuit de visite pédagogique via
une passerelle coursive, le long des ouvrages de traitement jusqu’à
l’aire écologique de biodiversité.
Une qualité de rejet dans le milieu naturel qui anticipe la
directive cadre européenne visant au bon état écologique des masses
d’eau – Le traitement membranaire Ultrafor permet une
dépollution poussée des eaux usées dans un ouvrage compact ainsi qu’une
véritable maîtrise du risque sanitaire. La qualité du rejet est
supérieure aux exigences prévues pour les zones sensibles. La CCPF
anticipe ainsi la réglementation européenne qui vise au bon état
écologique des masses d’eau à l’horizon 2015 et protège efficacement la
faune et la flore de la Seine grâce à l’obtention d’une qualité d’eau
type "Eaux de baignade".
Le réacteur membranaire : une barrière physique contre les pollutions présentes dans les eaux usées –
La technologie du réacteur membranaire biologique met en œuvre un
procédé biologique de traitement des eaux résiduaires urbaines (ERU)
dans lequel la clarification conventionnelle est remplacée par de
l’ultrafiltration. Ce procédé offre une combinaison performante de deux
technologies : le traitement biologique et la filtration par membranes.
L’Ultrafor se compose d’un bassin d’aération et d’un système
membranaire. Les membranes, disposées en modules, sont immergées
directement dans le bassin ou dans une cuve annexe. L’eau brute, après
une étape de prétraitement est introduite dans le bassin biologique aéré
où sont éliminées les pollutions carbonée, azotée et phosphorée. La
filtration membranaire permet de séparer l’eau épurée et les boues
produites dans le bassin d’aération. L’eau traitée est aspirée par des
pompes et les boues en excès sont extraites du bassin puis déshydratées.
Le maintien de la perméabilité des membranes est maîtrisé en combinant
et en adaptant les opérations d’aération cyclique, de rétrolavage, et de
lavage de maintenance et de régénération. Les réactifs de lavage sont
choisis en fonction de la nature de l’eau à traiter. Au cœur du
fonctionnement du bioréacteur, le procédé d’ultrafiltration consiste à
filtrer à travers des membranes organiques les eaux usées. Les membranes
constituent une barrière physique permettant l’élimination des
bactéries, des œufs d’helminthes et une réduction des coliformes fécaux.
La qualité de l’eau traitée est excellente en termes de matières en
suspension et turbidité. L'eau circule à l'intérieur de la fibre dont la
paroi est faite de pores 10 000 fois plus petits que ceux de la peau.
L’excellente résistance mécanique de ces fibres confère aux membranes
une grande longévité et permet la réalisation de différents types de
rétrolavages, ce qui limite les fréquences de renouvellement et donc les
coûts d’exploitation.
Une usine conçue pour être évolutive et limiter les consommations énergétiques –
La station d’épuration de la CCPF a été conçue dans une logique
d’anticipation des évolutions futures de charges entrantes. Elle dispose
aujourd’hui de 30 % d’espace de réserve pour des membranes
supplémentaires au niveau du traitement biologique mais également de 2
000 m2 de terrain à l’extrémité du site (dont une partie accueille
l’aire écologique) pour son extension. D’un point de vue énergétique, la
décantation primaire sans réactif permet d’éliminer une partie de la
pollution sans électricité (20 % d’économie d’énergie par rapport à une
solution sans décantation primaire) et de produire des boues à 27 % de
siccité au lieu de 20 %. Cette augmentation de la siccité a deux
avantages. Elle permet d’augmenter le PCI (pouvoir calorifique
inférieur) des boues, ce qui limite à hauteur de 20 % la consommation de
gaz naturel nécessaire à leur incinération et permet d’envisager
l’installation future d’une digestion, pour la production de biogaz
valorisable sous forme de chaleur ou d’électricité. La station est
également équipée de moteurs à hauts rendement sur les postes
énergivores, d’un système d’éclairage basse consommation à l’intérieur
des locaux et de lampadaires photovoltaïques pour l’éclairage de la
voirie d’accès. Par ailleurs, le bâtiment administratif a été conçu en
respectant les principes de la haute qualité environnementale (HQE) qui
entre autre, permet la maîtrise du chauffage des locaux grâce à une
double isolation des façades.
La station d’épuration de la CCPF combine technologies de pointe et
empreinte environnementale réduite. Les procédés mis en place
garantissent une très haute qualité de traitement des eaux usées avant
leur rejet en Seine (qualité "Eau de baignade"). La station d’épuration
traite les eaux usées de la CCPF et a une capacité de pointe de 60 000
équivalents-habitants, pour un débit de référence journalier de 24 000
m3/jour.