Des
agriculteurs, rendus malades à cause des pesticides qu’ils utilisaient
et dont certains ont été reconnus en maladie professionnelle, ainsi que
quelques veuves d’agriculteurs, ont fait irruption au Salon de
l’Agriculture pour dénoncer la désinformation dont ils ont été victimes
des années durant, pour informer le monde agricole des dangers encourus
et pour demander que les pouvoirs publics reconnaissent enfin l’extrême
gravité de la situation et agissent.
Le WWF France salue le courage
et l’action des membres de l’association Phyto-Victimes, malades ou
endeuillés, et tient à leur apporter son total soutien. Il rappelle que
les agriculteurs sont victimes d’un système qu’il faut changer. Les
preuves des effets toxiques des pesticides sur la santé humaine
s'accumulent : méta-études nord-américaines notamment, reconnaissance de
dizaines de cas de maladies professionnelles liées à l'utilisation des
phytosanitaires en France et tout récemment reconnaissance de la
responsabilité de Monsanto dans l'intoxication du président de
Phyto-Victimes – jugement pour lequel le géant américain a fait appel.
Or les pesticides sont la clé de voûte du modèle agricole industriel
qui, sans eux, s’écroulerait. C’est donc ce modèle, largement promu par
les pouvoirs publics, l’industrie de l’agro-chimie et le syndicat
majoritaire, qu’il faut changer. "Il est urgent de sortir de
l’agriculture industrielle qui contamine gravement l’environnement, et
particulièrement l’eau, est un échec sur le plan de l’emploi et de la
vitalité des territoires – avec une perte de 25 % des emplois agricoles
en 10 ans dans l’UE – , écrase les producteurs, amène des substances
nocives jusque dans nos assiettes et, comble du cynisme, empoisonne des
agriculteurs. On se demande bien à qui cette agriculture profite ?
Certainement pas à la très grande majorité de nos agriculteurs, ni de
nos concitoyens", constate Isabelle Autissier, présidente du WWF
France. La France ne prend pas le chemin de la sortie de ce modèle avec
un ministre de l'agriculture qui juge "excessives et inappropriées" les propositions de "verdissement" de
la Politique agricole commune. Des agriculteurs des CIVAM et du RAD,
pratiquant une agriculture durable à bas niveau d’intrants, viendront
précisément dire le contraire au Salon de l’Agriculture, lors d’un
séminaire co-organisé avec le WWF France.
Cela fait des années que le
WWF, qui a porté le règlement européen REACH, dénonce la dangerosité de
nombreux produits chimiques et la contamination généralisée de
l’environnement, de nos maisons, de nos assiettes et de nos organismes
par les produits chimiques : pollution des milieux aquatiques par les
PCB, contamination des eaux de boisson par de multiples polluants
(rapport WWF 2011), information officielle déficiente sur la
contamination chimique généralisée des nappes phréatiques et des cours
d’eau (rapport WWF 2011), 96 % des points de surveillance de ces
derniers étant contaminés par les pesticides, etc. "Comment
l’homme et les écosystèmes pourraient-ils être en bonne santé sur une
planète rendue malade ? Il faut arrêter et inverser cette contamination
généralisée et réorienter massivement les aides vers les modèles
d’agriculture biologique et à bas niveau d’intrants", réclame de nouveau Serge Orru, directeur général du WWF-France.
Note WWF – Pesticides et santé