Le volume des eaux usées dans le monde devrait augmenter parallèlement à la croissance démographique. En outre, l'augmentation de la richesse mondiale signifie que nos eaux usées, y compris les eaux d'égouts, contiennent des quantités croissantes de produits chimiques dangereux, de substances toxiques et des débris associés aux modes de vie des consommateurs modernes.
Les eaux usées contiennent des particules de plastique, des polluants microbiens et des traces de médicaments qui peuvent menacer la sécurité de l'eau et la sécurité alimentaire, ainsi que la santé humaine. Le problème est particulièrement aigu dans les zones densément peuplées et dépourvues d'installations de traitement. Prenons pour exemple, le Gange en Inde. Ce fleuve subvient aux besoins d'une population d'environ 500 millions de personnes, soit à peu près l'équivalent de la population des États-Unis, de la Russie et du Canada réunis, et fournit de l'eau pour la cuisine, la toilette, l'irrigation des cultures et le maintien des moyens de subsistance. Pour beaucoup de personnes, il revêt également une grande valeur spirituelle et culturelle. Une étude publiée en janvier 2018 dans Water Research et intitulée "Population density controls on microbial pollution across the Ganga catchment" révèle que : la concentration de bactéries fécales est fortement liée à la densité de population vivant en amont ; les rivières reçoivent environ 100 fois plus d'eaux usées par habitant des populations urbaines que rurales ; la pollution microbienne est conditionnée par la structure du réseau fluvial et les modes de peuplement. "En exploitant des données d'archives inédites relatives au bassin versant du Gange, nous avons constaté une forte relation non linéaire entre la densité de population en amont et la pollution microbienne. Nous prévoyons que ces systèmes fluviaux ne respecteraient pas les normes conformes à la quantité de bactéries fécales présentes dans les eaux d’irrigation disponibles pour 79 % des 500 millions d’habitants", indique l’étude. Selon Ganga Action Parivar, les stations d'épuration des eaux d'égout qui se trouvent sur le Gange sont coûteuses et se retrouvent facilement bouchées lors des moussons. 30 % d'entre elles n'étaient pas opérationnelles en 2013, tandis que d'autres utilisaient moins de 60 % de leur capacité. En outre, les déchets toxiques provenant de métaux lourds, les produits pharmaceutiques ou produits de soins personnels ne peuvent pas être traités par ce genre de stations. Enfin, les fréquentes coupures de courant paralysent leur fonctionnement et les stations se retrouvent souvent abandonnés en raison de coûts opérationnels et de maintenance élevés.
La Journée mondiale de la santé marque l'anniversaire de l'Organisation mondiale de la santé, créée en 1948. L'objectif de développement durable 3 (ODD-3) concerne la santé et le bien-être. Il comprend les objectifs suivants : d’ici à 2030, mettre fin à l’épidémie de sida, à la tuberculose, au paludisme et aux maladies tropicales négligées et combattre les hépatites, les maladies transmises par l’eau et autres maladies transmissibles ; d’ici à 2030, réduire nettement le nombre de décès et de maladies dus à des substances chimiques dangereuses et la pollution et à la contamination de l’air, de l’eau et des sols. Le thème de la Journée mondiale de l'eau du 22 mars était "Ne laisser personne de côté". L’objectif de développement durable 6 inclut une cible 6.3 (ODD-6.3) visant à améliorer la qualité de l’eau en réduisant la pollution, en éliminant le déversement et en minimisant les rejets de produits chimiques et de matières dangereuses, en réduisant de moitié la proportion d’eaux usées non traitées et en augmentant considérablement le recyclage et la réutilisation sans danger à l’échelle mondiale d’ici 2030. Un traitement efficace des eaux usées est essentiel à une bonne santé publique. En 2010, les Nations unies ont reconnu "le droit à l'eau potable salubre et propre et à l'assainissement comme un droit humain essentiel pour la vie et les droits de l'homme". À l'échelle mondiale, une eau sale présente des risques importants de diarrhée, d'infections opportunistes et de malnutrition, causant 1,7 million de décès par an, dont plus de 90 % dans des pays en développement, la moitié étant des enfants. Ces décès sont principalement dus à l'ingestion de pathogènes fécaux d'origine humaine ou animale. Plus de 2 milliards de personnes vivent déjà sans accès à l'eau potable géré depuis leur domicile en toute sécurité. Dans le monde, le nombre de ménages raccordés aux évacuation des eaux et aux systèmes sur site tels que les fosses septiques et les latrines à fosse est à peu près égal. Plus de 80 % des eaux usées mondiales et plus de 95 % dans certains pays les moins avancés sont rejetés dans l’environnement sans avoir été traitées au préalable ; 2,4 milliards de personnes n'ont toujours pas accès à un assainissement amélioré. Seuls 26 % des services d'assainissement en milieu urbain et 34 % des services d'assainissement en milieu rural empêchent efficacement le contact humain avec les excréments tout au long de la chaîne d'assainissement et peuvent donc être considérés comme gérés de manière sûre. "Un nombre plus important d'égouts dépourvus de traitement des eaux usées aggrave la pollution des rivières. L'urgence d'investir, non seulement dans les réseaux d'égouts, mais dans le traitement des eaux usées n'a jamais été aussi grande", affirme Birguy Lamizana, spécialiste des eaux usées à ONU Environnement. Les usines de traitement des eaux usées réduisent considérablement le risque de maladie en éliminant les substances nocives des eaux usées. Cependant, le processus de traitement repose sur un approvisionnement en électricité constant et fiable, un luxe dont beaucoup de pays en développement ne dispose pas. Les usines de traitement des eaux usées produisent également du méthane, un important gaz à effet de serre, qui pourrait constituer une source d’énergie utile s’il était correctement géré.
Dans le cadre du Programme d'action mondial pour la protection du milieu marin contre la pollution due aux activités terrestres, ONU Environnement collabore avec des partenaires pour prévenir la dégradation et la pollution résultant d'activités menées sur le continent. L’Initiative mondiale sur les eaux usées, appuyée par ONU Environnement, incite les populations à abandonner le retrait des déchets et à adopter la récupération des ressources. Un autre volet des travaux d’ONU Environnement est axé sur l’Afrique : le projet de gestion des eaux usées et d’assainissement en Afrique d’ONU Environnement est soutenu par la Banque africaine de développement dans le cadre de son Initiative pour l’alimentation en eau et l’assainissement en milieu rural.
Birguy Lamizana – Un Environment