"Deux fleuves emblématiques, deux mythes des civilisations qui se joignent par-delà les mers, au mépris des géographies mais à la liaison des hommes. L’image est belle. Elle est signifiante. Car il en va de la rencontre des eaux comme de celle des cultures : des éléments s’y mêlent, fusionnent ou se rejettent, sous la poussée inexorable d’un cours aux directions incertaines." Stéphane Martin, président du musée du quai Branly – Jacques Chirac présente la nouvelle "Du Jourdain au Congo, Art et christianisme en Afrique centrale".
Conçue par Julien Volper, conservateur au Musée royal de l’Afrique centrale à Tervuren, en Belgique, cette exposition interroge les formes et dynamiques prises par ces processus de métissage, à travers l’exemple de l’influence de l’iconographie chrétienne sur l’art et la culture kongo (XVe-XXe siècles). Le royaume Kongo, existant depuis au moins le XIVe siècle et découvert par les Portugais en 1482, relève de l’aire culturelle kongo qui est en fait un groupement de peuples et d’unités politiques divers allant du sud du Gabon au milieu de l’Angola ayant en commun des variantes d’une langue : le kikongo. Jusqu’au XIXe siècle, les raisons qui poussèrent les Européens à établir des contacts avec le royaume furent avant tout commerciales, les esclaves constituant la principale "marchandise"de cet échange. Si la couronne du Portugal avait espéré établir une colonie au royaume Kongo, elle développa par la suite des ambitions plus modestes mais tout en y soutenant l’envoi de missionnaires de différents ordres. Il en fut de même pour les États pontificaux qui eurent à cœur de prendre part aux luttes diplomatiques engagées. Bien que, en théorie, une grande partie de la population se soit fait chrétienne, on peut en réalité parler d’une majorité de "conversions de surface", qu’il fallait concilier avec des pratiques locales, dont la polygamie. Pour les classes dirigeantes, la conversion au catholicisme fut également habilement utilisée pour servir des desseins politiques et religieux.
Du Jourdain au Congo, Art et christianisme en Afrique centrale, du 23 novembre au 2 avril 2017.
Musée du quai Branly