31/12/2010
Urgence

L'acidification des océans menace la vie marine

Selon une toute récente étude du Programme des Nations unies pour
l'environnement – PNUE, le phénomène d'acidification des océans causé
par l'augmentation des émissions des CO2 dans l'atmosphère menace la vie
marine et les populations du monde entier. Achim Steiner, le directeur
exécutif du PNUE, explique : "L'acidification des océans est un autre
point important à soulever sur les émissions de gaz à effet de serre.
C'est un nouveau phénomène qui émerge dans le puzzle scientifique et qui
alimente de plus en plus d'inquiétudes"
. Intitulé "Les conséquences environnementales de l'acidification des océans",
le nouveau rapport du PNUE estime que certains organismes comme les
coraux ou les crustacés pourraient ne plus être en mesure de se
développer dans les prochaines décennies, leurs squelettes souffriraient
directement de l'acidification de leur environnement. Toujours selon le
rapport, la teneur en pH va diminue de 0,3 avant la fin du 21ème siècle
représentant une augmentation d'acidité de 150 % et menaçant
directement les espèces et les populations. Le PNUE estime que les
crustacés constituent 15 % des protéines animales pour trois millions de
personnes dans le monde.
L'acidification de l’océan est le nom donné à la diminution progressive
du pH des océans (il a été estimé qu'entre 1751 et 2004, le pH des eaux
superficielles des océans a diminué de 8,25 à 8,14). Sur la base des
prévisions du GIEC, l’augmentation actuelle du taux de CO2 dans
l’atmosphère devrait encore diminuer le pH des eaux du globe à 7,8 d’ici
la fin du siècle. Cette acidification a plusieurs causes anthropiques
identifiées :

  • l'absorption de dioxyde de carbone atmosphérique d'origine
    anthropique. C'est la première cause identifiée, et probablement la plus
    importante ;

  • l’azote anthropique lié à la circulation motorisée et au
    chauffage, source d'acide nitrique et d'ammoniac contaminant les pluies
    et les eaux de surfaces et marines, via l'atmosphère et les cours d'eau
    ;

  • le soufre.

Ces trois facteurs associés acidifient les eaux côtières plus
rapidement que ne le prévoyaient les premières modélisations. Environ
six téramoles d’azote actif et deux téramoles de soufre seraient
annuellement injectées dans l’atmosphère, ce qui est bien moins que les
700 téramoles de CO2, selon une étude récente pilotée par Scott Doney
(Woods Hole Oceanographic Institution, Massachusetts, USA). Cet azote
aurait déjà sur certains littoraux un impact équivalent à 10 à 50 % de
celui du CO2. Ces zones sont toutes des zones importantes pour l'Homme
(pêche, activité économique et touristique). Il semble de plus que les
estuaires et les zones mortes ne remplissent plus leurs rôles de puits
de carbone que ces zones devraient jouer, et que l'acidification est un
phénomène qui puisse, dans une certaine mesure, s'auto-entretenir.

L'acidification des océans est considérée comme une question majeure des
recherches sur le changement climatique. L'acidification augmente au
fur et à mesure que les océans absorbent des gaz à effet de serre. En
attendant, les experts du PNUE recommandent aux États de diminuer les
émissions du CO2 dans l'atmosphère, d'identifier les espèces les plus
menacées par l'acidification, de réduire la pression sur la pêche et
d'évaluer les options de développement durable pour lutter contre le
phénomène.

PNUE – 07-12-2010