Soulignant les problèmes considérables d'assainissement qui existent à
travers le monde, le Comité des droits économiques, sociaux et culturels
du Haut Commissariat aux droits de l'homme de l'ONU a appelé les États
membres à faire davantage pour s'assurer que "tous les individus,
sans discrimination, disposent d'un accès physique à des sanitaires
sécurisés, hygiéniques, culturellement et socialement acceptables, et
offrant intimité et dignité" à leurs utilisateurs. Dans une
déclaration adoptée à l'occasion de Journée mondiale des sanitaires – le
19 novembre, le Comité rappelle qu'avec "2,6 milliards d'êtres
humains qui n'ont pas accès à des sanitaires de qualité et un milliard
qui n'ont d'autre choix que de faire leurs besoins dans la nature", le problème de l'accès à des sanitaires reste "largement négligé", alors même que c'est "fondamental pour la survie humaine et pour mener une existence digne". Le Comité souligne que "les gens vivant dans la pauvreté sont touchés de manière disproportionnée" par ce problème.
"Dans les pays en développement, plus de 80 % des eaux usées ne sont
pas traitées et sont rejetées directement dans les lacs, les rivières ou
les océans, ce qui explique que les maladies diarrhéiques soient la
seconde cause de mortalité des enfants de moins de 5 ans", ajoute-t-il.
Le Comité soulève également que le manque d'accès à des sanitaires a un
impact négatif significatif sur l'éducation, surtout celle des filles. "Les
filles et les garçons ne fréquentent pas l'école parce qu'ils sont
victimes de maladies causées par un assainissement inadéquat. En outre,
les filles ne vont pas à l'école dans de nombreuses régions du monde en
raison du manque de toilettes ou de l'absence de toilettes leur étant
spécifiquement réservées".
En 2002, l'accès à des sanitaires et le développement de systèmes
d'assainissement des eaux usées ont été ajoutés aux huit Objectifs du
millénaire pour le développement – OMD, définis en 2000 par les États
membres pour lutter contre la pauvreté et améliorer sensiblement le sort
de l'humanité avant 2015. Bien qu'un meilleur accès aux services
d'assainissement soit considéré comme fondamentalement aussi important
que d'autres cibles contenues dans les OMD, le Comité relève qu'il n'est
pas une priorité dans la réalisation de la plupart des OMD. En octobre
dernier encore, le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a aussi
réaffirmé dans une résolution "le droit humain à l'eau potable et
l'assainissement", que l'Assemblée générale de l'ONU avait déjà reconnu
trois mois plus tôt, en juillet.
Réagissant à la publication de la déclaration du Comité, l'experte
indépendante de l'ONU sur l'eau et l'assainissement, Catarina de
Albuquerque, a salué une prise de position qui réaffirme que
l'assainissement et l'accès à des sanitaires adaptés est un droit
humain. "Pendant trop longtemps, l'assainissement a été négligé et
l'attention consacrée à cette question par le Comité est un signal que
les temps changent", a-t-elle déclaré, rappelant que c'était une
"composante essentielle du droit à un niveau de vie suffisant, énoncé à
l'article 11 du Pacte international relatif aux droits économiques,
sociaux et culturels". "La crise de l'assainissement est l'un
des pires défis de notre temps. En rappelant que l'assainissement est un
droit humain, intrinsèquement lié à la dignité humaine, nous en faisons
une obligation juridiquement contraignante et un droit de l'homme à
respecter par les États membres", a poursuivi Catarina de Albuquerque. "L'assainissement
n'est plus une question de charité. Les États doivent créer un
environnement favorable pour assurer l'accès à des sanitaires. Ils sont
responsables des progrès – ou du manque de progrès – et doivent déployer
le maximum de ressources disponibles pour améliorer l'assainissement
pour tous les habitants", a-t-elle conclu.
La Journée mondiale des toilettes est célébrée chaque année depuis 2001.
L'objectif est de sensibiliser l'opinion publique mondiale sur les
questions d'hygiène quotidienne.
UN News Service – 19-11-2010