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Le puissant dieu de l’Orage, maître du Panthéon

 

C’est ainsi que dans la mythologie mésopotamienne, le dieu de l’Orage est le maître du panthéon. Il vient, par ordre d’importance, immédiatement après les grandes triades fondatrices. Il tient son pouvoir du partage effectué à l’origine du monde. Maître du monde terrestre, il est également, comme Anou, maître des espaces célestes.

Dieu de l’Atmosphère, des Météores, de l’Ouragan et de l’Orage, de la Neige, de la Foudre et de la Tempête, Seigneur de l’Air et du Vent, maître des Eaux du ciel, il règne sur l’Atmosphère, commande à l’Orage et aux phénomènes naturels, crée les vents humides et le printemps. De lui tout procède, notamment la vie des hommes auxquels il permet de respirer et de grandir. Symbole des forces de la nature et de la vie, dispensateur des bienfaits, il peut également, en proie à de terribles colères, semer la mort et la désolation.

Fréquemment représenté chevauchant un taureau fougueux figurant la force souveraine, ou debout sur un char, le dieu de l’Orage apparaît soudainement, perçant les nuages, brandissant la foudre et déclenchant le tonnerre de sa voix puissante. Cette incarnation divine d’un phénomène naturel personnifie les aspects à la fois bénéfiques et destructeurs de l’eau.

Figure double, dispensant le bien comme le mal, il est respecté et craint. Dans des régions où l’agriculture dépend principalement des pluies, et pas de l’irrigation, le dieu, agissant sur les vents, déclenche la pluie à volonté, procurant aux hommes les eaux bienfaisantes qui tombent du ciel et les inondations qui déposent sur le sol le limon fertile. Mais il peut aussi tarir les puits et les fleuves et provoquer de terribles sécheresses. Ses armes les plus redoutées sont la tempête, l’inondation et le déluge. Lorsqu’il décide d’ouvrir les vannes du ciel, il cause parfois des dégâts irréparables. Pour punir ceux qui manquent de respect aux dieux, il provoque toute une série de catastrophes jusqu’à l’ultime, le déluge, censé anéantir l’espèce humaine, tout en n’hésitant pas, pour la sauver, à s’attaquer à un terrible dragon venu de la mer.

Considéré comme le maître des destinées humaines, il régit la royauté dévolue aux hommes en disposant des aspects gouvernementaux du pouvoir. Incarnant l’Ordre contre le Chaos, il est le protecteur des rois séculiers, à qui il envoie ses armes et les insignes de la royauté lors de leur intronisation. Les rois, se conformant à ses préceptes, ont un règne glorieux. Ce rôle protecteur en fait le garant des traités diplomatiques. Les nombreuses guerres livrées par les rois assyriens sont placées sous son patronage. Son nom est même donné à un corps d’armée.

À Alep, le dieu est vénéré pour sa miséricorde : il fait régner la justice, protège les faibles et accorde l’asile sur toute la partie supérieure du Croissant fertile.

 

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Baal écrasé par les taureaux du roi des dieux, El.

 

Baal, le Seigneur – Le puissant dieu de l’Orage est l’une des divinités les plus universelles du monde antique. Très populaire, son culte connaît une large diffusion et perdure de - 3 000 ans avant J.-C. jusqu'à la fin de l'époque romaine. Il possède des temples à Assur, Ninive, Nippur, Dur-Sarrukin et Emar.

Selon les peuples et les civilisations, il revêt des visages, des attributs et des noms différents. Il se nomme Enlil ou Ishkur chez les Sumériens, Adad chez les Assyriens et les Akkadiens, Hadad chez les Araméens et les Cananéens, Adda dans la cité d’Ebla, Addu chez les Amorites, Tarhon ou Teshub chez les Hittites et les Hourrites. Mais il est toujours désigné par un même idéogramme : le signe cunéiforme IM.

Lorsque les Babyloniens adoptent cette figure toute puissante puisqu’elle détient l’arme suprême, l’Amaru, le déluge, ils se contentent de la renommer Bêl, "le Seigneur" en akkadien. En Phénicie, dans le pays de Canaan, il devient Ba’al, qui signifie "le Maître" ou "l’Époux". Il détrône le dieu solaire El à la tête du panthéon sémite et devient le terme générique sous lequel se cache la véritable divinité dont le nom n’est jamais prononcé, sauf par quelques initiés. Les Phéniciens redoutaient que les étrangers, apprenant la manière d’invoquer le dieu, ne s’en attirent les bienfaits.

Au Ier millénaire avant J.-C., chaque cité de Phénicie rend un culte à son Baal, son "Seigneur" ou à sa Baalat, sa "dame". Ce nom s’accompagne d'un qualificatif qui révèle quel aspect de la puissance du dieu est adoré. Il est Baal-Bérith, "le Seigneur des alliances",  des Schéchémites, Baal-Tsaphon, "le Seigneur du Nord", dieu de la Vigilance d’Ugarit et Baal-Lebanon, "le Seigneur du Liban", de Baalbek, vénéré dans toute la montagne libanaise. Il devient aussi Baal-Sor, puis Baal-Melkart, dieu tutélaire de Tyr, Belphégor "Ba’al du mont Pe’or" chez les Moabites et Baal Shamen à Palmyre, où avec les dieux Yarhibal et Aglibal, il forme la triade suprême. Il désigne sous le nom de Baal-Moloch, le dieu souverain de plusieurs peuples sémites d’Orient.

À Carthage, sous le nom de Baal-Hammon, son culte donne même lieu à de terribles sacrifices humains. L’historien grec Diodore de Sicile (v.90-v.20 avant J.-C.) raconte qu’en 310 avant J.-C., lorsque les Carthaginois, vaincus et assiégés par les Grecs, étaient menacés de faim et de soif, les prêtres de Baal sacrifièrent au dieu 500 enfants de la noblesse. Ces sacrifices de grande ampleur prirent le nom hébreu de Moloch. Baal y répondit par un orage qui s’abattit sur la ville, noyant la démence collective sous les trombes d’eau et remplissant les citernes.

Cet holocauste fut réitéré au lendemain de la première guerre punique lorsque les mercenaires engagés pour combattre Rome, lassés d’attendre une solde cent fois promise et jamais payée, assiégèrent Carthage, en 240 avant J.-C. Ils crevèrent les tuyaux de l’aqueduc qui ravitaillait la cité en eau potable. Plutôt que de payer ses dettes, le Conseil des Anciens décida alors de réitérer le Moloch. Chaque famille de Carthage, et non plus seulement les nobles, dut livrer un enfant pour le sacrifice. Le carnage eut lieu sous les cris de "Seigneur, mange !", "Verse la pluie, enfante !"… Les Carthaginois furent là encore récompensés par un orage qui remplit les réservoirs. Le lendemain, les mercenaires levèrent le siège en pataugeant dans la boue. Carthage était sauvée. Baal avait triomphé de ses ennemis.

 

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Bêl face au dragon surgi des flots.

 

Un dieu universel – Le culte de Baal-Hammon prit fin avec le rasage de Carthage par Scipion. Les moloch avaient tant choqué les Romains que le sol fut maudit et salé pour que rien, jamais, n’y repousse. La haine romaine pour la vieille cité punique était telle qu’il fallut attendre près de 200 ans avant qu’Auguste ne refonde la cité, dont le site était excellent.

Les Égyptiens, qui commercent avec la Phénicie avant de l’occuper au XVIème siècle avant J.-C., intègrent Baal-Adad à leur panthéon sous la forme du dieu guerrier Soutekh. En Grèce, il est récupéré sous le nom de Bélos, puis Zeus-Bélos, avant d’être assimilé à Zeus. En 218, son grand prêtre, devenu empereur de Rome sous le nom de Marcus Aurelius Antoninus, impose son culte aux Romains sous le nom d'Héliogabale.

Le culte de Baal-Melkart, dieu de Tyr, fut même adopté par les Celtes et les Ibères qui peuplaient l’Espagne et l’importèrent en Grande-Bretagne. C’est ainsi que la religion des Celtes et des druides s’apparente aux anciens cultes phéniciens.

Dans la Bible juive et l’Ancien Testament chrétien, Baal désigne le dieu des païens et des idolâtres en opposition à Yahvé, dieu des Juifs. Les Hébreux le confondent avec Moloch, le dieu cananéen adopté par Israël, mais condamné par les prophètes bibliques. Baal-Zebub "le Prince, Seigneur des mouches" adoré par les Philistins devient, sous le nom de Belzébuth, l’ennemi juré du peuple élu, l'avatar même des faux dieux (par opposition au vrai Dieu de la Bible). Il perdure aujourd’hui sous la forme de Satan, la version christianisée de Baal.