photo – Jay DUNN1er Prix National Geographic TravelerDori pendant la saison sèche, octobre 2007
Dori est une ville du Sahel de
30 000 habitants, située au nord-est
du Burkina Faso, et Annecy-le-
Vieux est une ville de 20 000
habitants, située en Haute-Savoie.
Le jumelage de ces deux villes,
initié depuis vingt ans, permet des
échanges culturels mais vise aussi
à mener des actions de solidarité
Nord-Sud dans les domaines
sociaux de base pour l’amélioration
des conditions de vie des
populations de Dori qui en ont le
plus besoin. C’est dans ce cadre qu’en 2000,
d’un commun accord, l’assainissement
des eaux usées et
des excrétas est devenu un axe
prioritaire de cette coopération
décentralisée.
L’insalubrité de la ville de Dori est
due à la mauvaise gestion des
excréments et des eaux usées.
Bien que l’assainissement des
eaux usées soit une composante
essentielle de ce projet de
coopération décentralisée, on se
concentrera ici sur l’impact de ce
projet pour l’assainissement des
excrétas.
À Dori, la majorité des habitants
dispose de latrines traditionnelles,
mais l’insalubrité y est flagrante :
d’une part parce qu’il n’existe pas
de système de gestion des boues
de vidange des latrines et d’autre
part, parce qu’une partie de la
population (5,1 %), dépourvue de
latrines, se voit obligée de déféquer
dans la ville.
Lorsque les fosses des latrines
sont pleines, la vidange se fait manuellement,
et ceux qui s’en chargent
sont en contact direct avec
les excréments et courent parfois
le risque de se voir ensevelis sous
la fosse en cas d’effondrement des
parois. Le plus souvent, une fois
la fosse vidangée, les boues de
vidange sont versées directement
dans la nature sans traitement.
Lors des pluies, les eaux de ruissellement
emportent tous les déchets
(excrétas entre autres) dans
les bas fonds et dans la mare qui
ceinture la ville. Or cette mare sert
d’approvisionnement en eau pour
diverses activités humaines. La
plupart des habitants s’en servent
pour leur toilette et les activités
ménagères mais certains (20 %
des habitants) la boivent.
Cette situation, due à l’absence,
par le passé, d’une politique d’assainissement
de la ville, constituait
un danger quotidien pour la santé
des habitants. Selon la Direction régionale de la santé, plus de la
moitié de la population souffre de
maladies liées à l’absence ou à la
mauvaise qualité de l’assainissement,
principalement la diarrhée,
qui peut être mortelle faute de
soins.
En septembre 2007, la Mairie de
Dori sollicite l’appui de la Ville
d’Annecy-le-Vieux et du SILA
(Syndicat intercommunal du lac
d’Annecy), dans le cadre de la
coopération décentralisée, pour la
gestion des eaux usées et excrétas
: le projet est en cours.
Le projet a pour objet la mise en œuvre du plan de gestion des eaux usées et des excrétas de la ville de Dori avec : une première phase de latrinisation de 400 ménages défavorisés et sous-équipés ; l’équipement en latrines publiques de 15 lieux publics (gare routière, places, écoles…) ; la création d’un service municipal d’assainissement ; la création d’un service de collecte des boues de vidange en régie directe ou concédé à un privé local ; la construction d’un ouvrage de traitement des boues de vidange et d’une unité de compostage pour une valorisation en agriculture. Le coût global du projet en investissement (sur 3 ans) et fonctionnement (sur 1 an) s’élève à plus de 310 000 euros. D’ores et déjà, la ville d’Annecy-le-Vieux et le SILA, qui sollicitent également le Ministère des Affaires étrangères, s’engagent à hauteur de 200 000 euros sur 3 ans. La Ville de Dori s’engage à rechercher les financements complémentaires pour finaliser le projet.
Ce projet est particulièrement novateur, car il propose de mettre en place un service municipal de gestion des eaux usées et des excrétas, ainsi qu’une politique d’assainissement. Dori sera la première ville moyenne à disposer d’un tel service et à être dotée d’une station de traitement des boues de vidange et d’une unité de valorisation des déchets, qui créeront des emplois localement. L’appui à la maîtrise d’ouvrage locale et le renforcement des capacités de la commune sont assurés par Eau Vive, ONG d’appui au développement spécialisée dans les questions d’accès à l’eau et à l’assainissement. Son rôle est d’appuyer la commune de Dori à la mise en place d’un service municipal d’assainissement, de définir et de mettre en œuvre une politique d’assainissement. Pour ce faire, Eau Vive apporte appui-conseil, encadre et met à disposition des outils de gestion, des procédures et des guides pour la réalisation des ouvrages d’assainissement. Eau Vive vient renforcer la concertation des acteurs locaux, afin qu’ils participent tous aux décisions en matière d’assainissement. Elle aide également la ville à mettre en place une Commission communale d’hygiène et d’assainissement.
Cette commission est
chargée de l’exercice de prérogatives
déléguées à la commune
en matière d’assainissement, à
travers : la planification et la réalisation
des investissements ; la gestion des ouvrages et équipements
; l’animation de la concertation
(impliquant les populations, les
professionnels, les services techniques
déconcentrés et les opérateurs
locaux de développement en
matière d’assainissement) ; l’arbitrage et la régulation du
secteur.
Mise en place d’une Commission communale d’hygiène et assainissement.
Définition et mise en oeuvre
d’une politique d’assainissement.
Renforcement des capacités de
la commune dans le domaine de
l’assainissement.
Mise en place d’une station de
traitement et d’une unité de compostage.
Amélioration de l’accès aux sanitaires
des ménages, par la construction
de 400 latrines familiales.
Construction de 15 latrines
publiques.
Mise en place de dispositifs individuels
d’évacuation des eaux.
Amélioration de l’hygiène et réduction
des maladies liées à l’eau
et à l’assainissement.
Formation des maçons locaux à
la construction de latrines.
Ce projet est une illustration tangible de l’opportunité que représente la coopération décentralisée pour un partenariat gagnant-gagnant dans la mise en oeuvre d’actions de solidarité entre le nord et le sud. L’une des principales valeurs ajoutées de cet exemple de coopération décentralisée est l’implication d’une ONG spécialisée qui met à la disposition de la collectivité locale du Nord et de celle du Sud, son expertise en gestion de projets, son approche sur la thématique ciblée et son savoir-faire en accompagnement des acteurs du Sud et en intermédiation avec les acteurs du Nord.