La Mérantaise est
une rivière à fort caractère patrimonial, architectural et naturel.
Mais c'est aussi une rivière de fort caractère lors d'évènements
orageux, ayant entraîné cinq arrêtés interministériels de catastrophe
naturelle en l'espace d'une décennie et demie. En 2011, la commune de Gif-sur-Yvette, le syndicat
SIAHVY et les partenaires institutionnels et financiers se sont associés pour
définir un projet cohérent et ambitieux visant à lier la protection des
biens et des personnes et l'intérêt écologique. Les réaménagements
seront achevés au printemps 2015.
Martine LE BECH2o – septembre 2014
Gif-sur-Yvette est située à la confluence géologique de deux vallées : la vallée de la Mérantaise et celle de l'Yvette. À l'époque de Louis XIV, un ensemble complexe de rigoles a été creusé sur les plateaux dominants des deux vallées pour alimenter en eau Versailles et son parc. La circulation de l'eau dans ces rigoles pouvait conduire, à certaines périodes de l'année, à utiliser notamment la Mérantaise comme déversoir d'orage. Le parcours de la rivière se faisant selon une forte déclivité depuis sa source à Voisins-le-Bretonneux, jusqu'à sa confluence avec l'Yvette, 13,5 kilomètres en aval, plusieurs moulins ont été installés avec, pour chacun d'entre eux, la création d'un bief permettant de mettre en charge l'eau avant d'utiliser l'énergie générée par sa chute jusqu'au bras inférieur. Le lit de la Mérantaise est ainsi devenu par la main de l'homme, une succession de cascades dont l'énergie était subtilement captée pour faire fonctionner ces moulins. Une abondante main d'œuvre était évidemment requise pour, d'une part, entretenir les biefs et, d'autre part, assurer la surveillance et le fonctionnement des vannages en fonction des besoins et des intempéries.
Au fil des ans, les moulins ont progressivement été mis hors service ; les biefs n'ont plus été entretenus, la surveillance des vannages est devenue aléatoire. Dans le même temps, l'ubanisation croissante rendait les surfaces imperméables et la Mérantaise s'est vue devoir avaler de plus en plus fréquemment de brusques apports d'eau. Après une première "grande inondation" le 7 juillet 2001, tout un quartier de Gif-sur-Yvette était une nouvelle fois inondé le 29 avril 2007, causant d'importants dégâts matériel et surtout un choc au sein de la population. La municipalité et le Syndicat intercommunal d'aménagement hydraulique de la vallée de l'Yvette – SIAHVY, ont dès lors élaboré un premier projet visant uniquement la suppression de ce "point noir" hydraulique. Mais le projet ne répondait absolument pas aux dispositions de la directive cadre européenne sur l'eau (DCE, 2000) ainsi que de la loi sur l'eau et les milieux aquatiques (LEMA, 2006) prévoyant notamment la préservation et la restauration de la continuité écologique. En pleine négociation du Grenelle de l'Enrironnement, le projet faisait même tache.
Ce projet initial était officiellement abandonné au début de l’année 2010, mais l’État, par le biais de la préfecture de l’Essonne, et l'Agence de l'eau Seine-Normandie se sont dès lors engagés auprès du SIAHVY en faveur d'un nouveau projet, cohérent et apte à prétendre à des subventions. Deux objectifs ont alors été assignés au projet : la limitation du risque d'inondation et la protection des personnes, d'une part ; la restauration de la continuité écologique du cours d'eau, d'autre part. De nombreuses réunions publiques ont été réorganisées par le syndicat avec le soutien de l'agence. La tâche était d'autant plus difficile qu'il fallait convaincre un grand nombre de propriétaires du bien-fondé du projet. Certains terrains – notamment celui (voir plus bas) du moulin de Gibecieux – se sont retrouvés sens dessus dessous pendant plusieurs mois.
La Mérantaise, un réservoir biologique Considéré comme un important réservoir biologique, la Mérantaise est un cours d'eau bordé de nombreux sites architecturaux remarquables et de zones humides. À l'échelon national, sa vallée abrite également des sites classés et une zone Natura 2000. La présence de la truite fario a été détectée et, dans le seul périmètre des travaux, vingt-huit espèces protégées et deux plantes rares en Île-de-France ont également été repérées. La majorité des terrains riverains du cours d'eau sont privés. Parmi les terrains concernés par le projet figure notamment l'immense parc du Centre national de la recherche scientifique (CNRS). |
Protéger – L'idée forte du projet est de redonner, autant que faire se peut, sa morphologie d'origine au cours d'eau. Il s'agit d'augmenter la capacité de la rivière et de limiter les débordements aux droits des habitations. Parallèlement les annexes hydrauliques sont agrandies pour mieux maîtriser la gestion des crues et réduire les risques d'inondation.
Restaurer – Le projet s'étend sur un périmètre de 1,5 hectare englobant un linéaire de 1 800 mètres de cours d'eau. Sur ce périmètre, la continuité écologique sera entièrement restaurée. Cet objectif englobe deux opérations d'envergure : en amont de Gif-sur-Yvette (encart ci-dessus), la remise en fond de vallée de la rivière et la constitution d'une zone humide ; en aval, la restauration écologique de la propriété du moulin de Gibeciaux (encart plus bas).
Achèvement au printemps 2015 – Les travaux ont été conduits en deux phases. La première phase englobait, d'une part, la renaturation du cours d'eau en amont, dans le parc du CNRS et dans les propriétés avoisinantes, et d'autre part, la suppression des points noirs hydrauliques en aval, à l'entrée de Gif-sur-Yvette et dans la propriété du moulin de Gibeciaux. Elle s'achèvera en octobre 2014 avec la fin de la reconstruction du lavoir des Gibeciaux (encart ci-dessus). La seconde phase, en cours de réalisation concerne, en amont, la renaturation du Bassin de la Mérantaise (encart du haut). Cette seconde phase s'achèvera fin mai 2015.
À tous ces travaux s'est ajoutée la reconstitution historique de la pièce d'eau du château de
Button, vestige d'un jardin réalisé par le paysagiste Pillet, grand
admirateur d'André Le Nôtre. Dans les années 1950, le plan d’eau a été coupé en deux, par la création d’un aqueduc où coulait la rivière, obstruant la perspective entre les jardins et le château. Un bassin unique rectangulaire d’environ 1 000 mètres carrés a été recréé. Situé en centre-ville et disposant d'arbres majestueux – des séquoias et des cèdres – le site constitue l'un des éléments les plus remarquables du patrimoine de Gif-sur-Yvette. Il appartient au CNRS depuis 1946. .
|
|
Maîtres d'ouvrage Commune de Gif-sur-Yvette & Syndicat intercommunal pour l'aménagement hydraulique de la vallée de l'Yvette – SIAHVY Maître d'œuvre Egis Eau Entreprises Geosys – Segex – Snfro Partenaires institutionnels et financiers Agence de l'eau Seine-Normandie (avec une subvention à hauteur de 80 %) Région Île-de-France Conseil général de l'Essonne Voir aussi Association Les Amis de la Mérantaise Le dossier publié par H2o sur la reconquête des rivières |