Comment peuvent être conjuguées et mises en oeuvres les trois
thématiques Eau, Santé et Environnement ? Le colloque, organisé à
Rennes les 23 et 24 février 2000, par l’Académie de l’Eau en
partenariat avec l’École nationale de la santé publique et le Programme
Solidarité Eau, a réuni près de 200 participants – décideurs,
chercheurs, praticiens et professionnels – invités à plancher sur la
Charte de l'Eau et de la Santé.
Yann OLIVAUX
H2o – mars 2000
La perception de l’influence de l’environnement sur la santé des populations est très liée au développement économique et culturel (déséquilibre croissant entre pays du nord et pays du sud) et les exigences vis-à-vis de la qualité de l’eau évoluent nettement en passant d'Ouest en Est ou du Nord au Sud. Mais les croisements entre les trois thématiques sont à l’évidence plus complexes, que l’on s’adresse aux pays en voie de développement ou aux pays industriels. Le caractère ambitieux mais passionnant de ce colloque tenait à la volonté de transversalité des points de vue sur ces trois thèmes croisés.
Comme l'a précisé le représentant de l'OMS, plusieurs points sont à souligner :
L'objectif majeur du 20ème siècle est de fournir à chaque habitant une eau de distribution publique, sans risque inacceptable et à un coût raisonnable auquel s'ajoute la nécessité de mettre en œuvre de meilleures méthodes d'évaluation et de gestion des risques.
Cependant, les études faites dans plusieurs pays du monde ont montré que l’utilisation d’une eau potable si elle est nécessaire n’est pas suffisante à elle seule pour améliorer ou garantir la santé de la population, et des enfants en particulier. Il faut qu’y soient associées des mesures d’hygiène alimentaire et corporelle, ainsi que des mesure de salubrité de l'habitat.
Parmi les très nombreuses questions abordées figure celle des risques sanitaires et de la prévention des pathologies liées à la consommation de l'eau de réseau, notamment le problème de la hiérarchisation de ces risques (microbiologiques et chimiques).
L'accent a notamment été mis sur, (a) l'émergence des contaminant microbiens (protozoaires, virus…) parfois difficilement détectables et souvent résistants aux procédés de stérilisation de l'eau (chlore…), (b) l'impact très difficile à évaluer sur la santé humaine de l'ingestion quotidienne de micro doses de polluants (pesticides, métaux lourds : plomb, arsenic, aluminium…, nitrates, chlore…) et ce à moyen et long terme. De plus en plus d'épidémiologistes posent l'hypothèse que ce type de contamination serait l'un des facteurs explicatifs de l'augmentation des pathologies de civilisation (cancers, maladies neurodégénératives, allergies...).
L'appréciation du rapport protection/principe de précaution en matière de santé publique est des plus délicat. L'exemple de la chloration de l'eau, désinfectant le plus couramment employé pour l'eau mais qui génère des substances potentiellement cancérigènes, en est une bonne illustration.
Si certains intervenants ont tenus à souligner les excès du "tout protection" (le risque zéro n'existe pas en matière de sécurité sanitaire), nombre de scientifiques et de médecins s'accordent sur deux constats : d'une part une immunité générale moindre des populations et d'autre part l'existence d'un pourcentage croissant de personnes immunodéprimées, très sensibles aux facteurs de pollutions environnementales.
À travers les enquêtes du Centre d'Information sur l'Eau menées en France sur la perception des risques liés à la consommation de l'eau du robinet, il apparaît que les motifs premiers d'insatisfaction sont liés à des critères de confort d'usage (mauvais goût de l'eau à cause du chlore, eau calcaire entartrante…). Les craintes sanitaires demeurent, en revanche, tout à fait marginales dans les raisons spontanément avancées (impact des nitrates, pesticides…). Il en va tout autrement lorsque les questionnaires soumis mentionnent expressément, ces substances.
Comment dans ce cas transmettre une information juste et objective sur la sécurité sanitaire sans inquiéter inutilement et créer d'artificielles paniques.
Organiser une rencontre internationale sur ces thématiques croisées de l'eau, la santé et l'environnement est un signe fort de l'émergence du rôle majeur et vital que l'eau représente aujourd'hui et dans l'avenir pour la planète en matière de santé et d'écologie, pour chaque habitant dans le monde et pour les générations futures. .
Recommandations pour le futur
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Le symposium était organisé sous le patronage du secrétariat d’État à la Santé, du ministère de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement, du ministère des Affaires étrangères, avec le soutien de l’Organisation mondiale de la santé et de la ville de Rennes. En ouverture des deux journées de travaux, le professeur Jean Dausset, Prix Nobel de médecine, président de l’Académie de l’Eau, a tenu à rappeler le droit et l'importance pour chaque habitant de cette planète bleue à consommer une eau saine. Il a également rappelé que l'eau reste, dans les pays en voie de développement, le vecteur majeur de maladies infectieuses mais aussi parasitaires et souligné l'importance des actions éducatives à travers le monde pour promouvoir une meilleure hygiène de l'eau.