La représentation de l'eau, en tant qu'élément, passe par une allégorie commune aux peintres, graveurs et sculpteurs : une femme nue, appuyée ou soutenant de son bras gauche une urne d'où s'écoule le liquide. C'est le thème de la "Source", lequel renvoie à celui de la fertilité. Il faut, bien entendu, distinguer l'eau des sources et des cours d'eau, qui apaise la soif et fertilise les terres, de l'eau des mers et des océans, qui nourrit grâce à l'activité de la pêche, mais n'abreuve et ne fertilise pas. La première est également utilisée pour la toilette, et les deux autorisent la baignade.
La nudité de l'allégorie "Source" fait pendant à celle de Vénus sortant des flots marins, établissant un rapport direct entre l'eau et le nu, fort utile aux artistes, mais aussi un rapport, moins explicite, avec la sexualité. Disons que le premier est exotérique, et que le second est ésotérique.
L'orifice de l'urne, d'où s'écoule en abondance le précieux liquide, peut être interprété comme un "sexe déporté". C'est grâce à cette eau que les semences vont germer, puis donner naissance aux plantes et végétaux nourriciers. La Source est indispensable à Démeter, déesse de la terre cultivée et fécondée. Or, sur la scène du théâtre mythologique, intervient Baubo, la vulve mythique, personnification du sexe féminin. Dans la tradition orphique, c'est Baubo qui, en exhibant sa vulve à Déméter, la console de l'enlèvement de sa fille Proserpine, et lui redonne la joie, évitant ainsi à la terre de redevenir stérile. La vulve de Baubo était exhibée dans le temple d'Eleusis, célèbre pour ses "mystères", en compagnie d'un phallus, ce qui indique un rapport symbolique avec les organes sexuels masculins et la copulation. Ultérieurement, la vulve de Baubo fut remplacé par un coquillage dont les replis évoquent le sexe féminin. Ce n'est donc pas fortuit si, en illustrant la naissance d'Aphrodite, les peintres la représentent sortant d'une conque marine, laquelle symbolise l'organe féminin, fécondé par le sperme d'Ouranos. On voit combien ce motif pictural, en apparence innocent, dissimule tout un discours en relation directe avec la sexualité.
Ainsi l'eau appelle, allégoriquement, le nu, et cette nudité, par des voies détournées, symbolise la pulsion sexuelle et ses effets : plaisir et désir avec Vénus, Eros ; reproduction avec la Source, Baubo et Déméter.