08/12/2011
Sénégal

Gestion de l'eau et l'assainissement : l'État habille SDE et rhabille SDE

Le monopole concédé à la Sénégalaise des Eaux depuis 15 ans dans la
production et la distribution de l'eau potable dans la ville de Dakar et
les villes intérieures, a été confirmé pour... 30 ans encore.

L’article rappelle que c'est en 1996 que la première réforme
institutionnelle est intervenue dans le secteur de l'hydraulique
urbaine. De cette réforme, est née une structure à trois têtes : la
SONES, Société nationale des Eaux du Sénégal, la SDE, Sénégalaise des
Eaux, et l'ONAS Office national de l'assainissement du Sénégal. La
première étant chargée de la gestion du patrimoine de l'hydraulique
urbaine, du contrôle de la qualité de l'exploitation tandis que la
deuxième, à travers un contrat d'affermage de 10 ans et un contrat de
performances techniques et commerciales avec la première pour
l'exploitation des installations pour l'entretien de l'infrastructure et
du matériel d'exploitation ainsi que d'une partie du réseau de
distribution d'eau potable tout en s'occupant du recouvrement des
factures et de la surtaxe assainissement. Son contrat devait arriver à
terme en 2006, date à laquelle la deuxième réforme devait être menée
après évaluation.

À la perspective d'un prochain schéma de concession, les responsables de CICODEV préviennent d'une accessibilité "plus étriquée" pour
les consommateurs ruraux et périurbains avec l'hypothèse fort plausible
que le gouvernement justifiera le passage à la concession totale au nom
du développement de Dakar et les quartiers périurbains. Cependant, sans
subvention de l'État, les fournisseurs de services ne trouveront pas
viable de fournir des services dans les zones où le rendement est faible
et ou la demande est très peu solvable. D'où l'hypothèse qu'ils
mettront en place des politiques commerciales "d'écrémage" qui
consistent à ne servir que les clients qui leur assurent des profits au
plus vite, et à ignorer les pauvres, moins rentables.

En quinze ans, de1996 à 2010, le prix du mètre cube de la tranche
sociale n'a connu qu'une hausse de 19,04 % en passant de 160,72 francs
CFA à 191,32 francs CFA soit une hausse moyenne annuelle de 1,5 % par
année. Par ailleurs, alors que l'Organisation mondiale de la santé
recommande un taux de potabilité de 96 %, le réseau de la SDE offre un
taux avoisinant 98 %. Des efforts ont également été consentis pour
l'amélioration de la qualité du service, des relations avec la
clientèle, une plus grande transparence dans le mode de facturation, des
mécanismes de paiement diversifiés et des facilités de paiements. Mais
au même moment, seulement 67 % des ruraux ont accès à l'eau salubre et
17 % d'entre eux seulement ont accès à des services d'assainissement
améliorés. Hors du réseau, les sources polluées ou les bornes fontaines à
des taux jugés usuraires, l'approvisionnement se fait dans les
"séanes", le fleuve, les pompes artisanales en banlieue dakaroise, ou
alors auprès des bornes fontaines privées où l'eau peut être jusqu'à 4
ou 5 fois plus chère dans les quartiers périurbains.

De plus, la qualité de l'eau est encore jugée "dangereuse" pour
les consommateurs dans certaines zones. Une étude épidémiologique
effectuée par l'organisme Caritas et menée dans 45 villages des
communautés rurales de Nguéniéne, de Niakhar, Patar, fait état de 70 %
de la population étudiée qui seraient en contact avec des sources
d'approvisionnement en eau domestique dont les teneurs en fluoroses sont
supérieures à 1,5 mg par litre, norme recommandée par l'OMS. La même
enquête précise que "83% des personnes sont touchées par la fluorose
dentaire pendant que 52 % présentent des signes cliniques qui pourraient
être associés à une fluorose osseuse handicapante."

Malick Ndaw, Sud Quotidien (Dakar) – AllAfrica 19-11-2011