Le CICR – Comité international de la Croix Rouge, développe dans le
Tigray, au nord de l'Éthiopie, un programme novateur, à l'aide d'outils
de géolocalisation des points d'eau afin de mieux se préparer aux
risques de sécheresse.
Le chemin longe une éolienne avant de s'enfoncer vers des terres brunes,
sèches et désertiques à cette époque de l'année. En septembre, tout
change lorsque le paysage devient vert et que les champs se couvrent de
plantations d'oignons, de laitues et de teff, une céréale qui pousse en
Éthiopie. Ces deux couleurs démontrent à la fois la dureté et la beauté
d'un paysage qui fût déjà le théâtre de rudes sécheresses. Comme chaque
semaine, Ato Mulu Tadesse, employé de bureau de la gestion des eaux du
Tigray, effectue sa tournée d'inspection et de maintenance des points
d'eau dans le district de Kilte, à 50 kilomètres au nord de Mékélé, la
capitale régionale. Il mesure la hauteur de l'eau, vérifie si la poignée
d'une pompe fonctionne et effectue les réparations nécessaires. Une
fois sa tournée d'inspection terminée, M. Tadesse introduit les
informations recueillies sur le terrain dans la base de données du
bureau central de la gestion des eaux à Mékélé grâce à une clé fournie
par le CICR lui permettant d'avoir accès à un réseau Internet sans fil.
Prévenir les risques – Présent dans la région en raison
des conséquences du conflit qui a opposé l'Éthiopie à l'Érythrée de 1998
à 2000, le CICR est l'une des rares organisations humanitaires à
travailler près de la frontière. Ses ingénieurs ont aménagé de nouveaux
points d'eau, réhabilité ou foré des puits et travaillé à la promotion
de l'hygiène. La terrible sécheresse de 1985 est dans toutes les
mémoires. Dans une région qui peut être soumise a de tels aléas de la
nature, il était vital que les autorités aient de bonnes informations
sur les ressources en eau. C'est pourquoi le CICR a lancé en 2010 un
programme de géolocalisation des puits qui allie nouvelles technologies
et connaissances du terrain. Des ordinateurs et des clés 3G ont été
fournis aux bureaux de la gestion des eaux des 34 woredas (le nom des
districts en tigrénien). Le CICR a formé les employés du bureau de la
gestion des eaux à cette nouvelle technologie. Une fois en ligne, ces
coordonnées géographiques permettent de cartographier l'emplacement des
points d'eau. Le type de puits, sa fonctionnalité, le nombre de
personnes pouvant en bénéficier, la proximité des communautés sont
autant de données répertoriées et qui deviennent accessibles presqu'en
temps réel. "Aujourd'hui, les données sont actualisées régulièrement
et les autorités disposent désormais d'informations précises sur l'état
des puits", explique Tesfay Gebrehiwot, responsable du programme de
géolocalisation du CICR dans la région. Cette nouvelle forme de la
gestion permet d'améliorer l'identification des communautés qui manquent
d'eau et les travaux à entreprendre pour réparer les puits.
M. Tadesse ressort de son bureau. Un groupe d'anciens vêtus d'amples
toges blanches attendent sur un banc. Ils sont venus à pied d'un village
situé à une quinzaine de kilomètres. Ils l'informent que le barrage en
terre qui sert à irriguer leurs cultures est bouché. Sa journée n'est
pas terminée...
Dans cette partie de l'Éthiopie, disposer d'une information rapide sur
l'état des points d'eau, est essentiel pour prévenir les risques liés
aux catastrophes naturelles. En fournissant une technologie améliorant
l'accès à l'information, le CICR contribue ainsi à prévenir les effets
d'une éventuelle sécheresse. Dès 2014, les autorités de gestion des eax
du Tigray géreront seules ce programme.
Comité international de la Croix Rouge (Genève) – AllAfrica 05-06-2013