Les ministres en charge de l'eau des pays du bassin du Nil étaient
réunis jeudi 20 juin à Juba, la capitale du Soudan du Sud, pour leur
21ème réunion ordinaire. Une réunion qui s'est déroulée dans un contexte
de tension, alors que l'Égypte et l'Éthiopie ont échangé des propos
très durs au sujet du projet éthiopien de "Grand barrage de la
renaissance".
Ces tensions entre Le Caire et Addis Abeba ont eu un écho au cours de la
réunion de Juba. Car elles illustrent un bras de fer plus ancien entre
l'Égypte et le Soudan d'un côté, les pays de l'amont du Nil de l'autre.
L'Égypte a-t-elle sur le Nil un droit d'usage supérieur à celui des
autres pays qui bordent le fleuve ? Un accord signé en 1929 par les pays
riverains sous administration britannique, puis un autre, signé en 1959
par l'Égypte et le Soudan indépendants, jettent effectivement sur le
papier les fondements d'une hégémonie de Khartoum et du Caire. Ces
documents ont partagé les eaux du Nil entre les deux pays et obligé les
autres riverains à solliciter leur accord pour la mise en œuvre de leurs
projets. L'Éthiopie, la première, a cependant rejeté ces textes, suivie
par plusieurs autres pays de l'amont, au fur et à mesure de leurs
indépendances. Dans l'impossibilité de trouver une solution négociée
avec l'Égypte et le Soudan, six pays riverains ont adopté en 2010 un
accord qui fixe de nouvelles règles de répartition des eaux, plus
équitables. "Avec cet accord, plus aucun État ne pourra établir son
hégémonie sur le fleuve", explique le spécialiste du Nil, Seifulaziz
Milas. Mais ce nouveau texte est refusé par l'Égypte, qui le juge trop
menaçant pour ses intérêts, et qui fait maintenant tout pour retarder sa
ratification. Cet accord "sape les progrès accomplis pendant des années
de coopération", a répété jeudi 20 juin le représentant de l'Égypte au sommet de Juba. Selon lui, d'autres solutions doivent être examinées "de bonne foi".
RFI – AllAfrica 21-06-2013