"Investir dans la préparation et renforcer la résilience des agriculteurs est essentiel pour faire face à des situations de sécheresse extrême", a déclaré José Graziano da Silva, directeur général de la FAO. "Sauver des moyens d'existence signifie aussi sauver des vies, il s'agit surtout de renforcer la résilience", a-t-il dit alors qu'il s'exprimait à l'occasion d'un séminaire international sur la sécheresse, organisé par l'Iran, les Pays-Bas et la FAO au siège de l'agence onusienne. Faisant référence à la sécheresse de 2011 en Somalie qui avait vu 250 000 personnes mourir de souffrances liées à la faim, José Graziano da Silva a précisé : "Des gens meurent car ils ne sont pas préparés à faire face aux effets de la sécheresse, car leurs moyens d'existence ne sont pas assez résilients". "Pendant des années, l'attention a été portée sur la manière de répondre aux sécheresses lorsqu'elles font surface, d'apporter une aide d'urgence et de maintenir les personnes en vie", a ajouté le directeur, notant que "même si cela est évidemment important" investir dans la préparation et la résilience est essentiel. Ainsi, les pays seront en mesure d'agir vite avant qu'il ne soit trop tard, tandis que les agriculteurs et les communautés rurales seront mieux préparés pour faire face aux conditions météorologiques extrêmes qui les frappent.
John Mutorwa, ministre namibien de l'Agriculture, de l'Eau et de la Foresterie a indiqué qu'en ces temps de changement climatique, la sécheresse était devenue un véritable défi que tous les pays auront à relever, encore et encore. "Il ne s'agit pas de savoir si l'on sera confronté ou non à une sécheresse, il s'agit de se dire : Il y aura bel et bien une période de sécheresse et nous devons donc être prêts", a souligné le ministre, mettant ainsi l'accent sur l'importance du thème du séminaire : Prévoir, Planifier, Préparer : Empêcher que la sécheresse ne se transforme en famine. "L'OMM [Organisation météorologique mondiale] donne des conseils et apporte des informations scientifiques en vue de renforcer les services nationaux responsables de la lutte contre les risques de sécheresse dans le secteur agricole", a déclaré Petteri Taalas, secrétaire général de l'OMM, "Nous encourageons les pays à agir rapidement contre la sécheresse et à s'orienter vers une approche plus proactive." Dans son discours, Gilbert F. Houngbo, président du Fonds international de développement agricole (FIDA), a insisté sur la nécessité de briser ce cercle vicieux de crises, de catastrophes et de secours et appelé la communauté internationale à être proactive et à ne pas penser uniquement aux urgences d'aujourd'hui mais également à prévenir celles de demain. "Cela signifie investir dans les petits exploitants agricoles afin de les aider à relever les défis liés à la productivité, de leur donner accès aux marchés et à la finance et surtout de les encourager à adopter une agriculture intelligente face au climat, de manière à ce que, lorsqu'une sécheresse survienne, ils aient les outils nécessaires pour survivre et prospérer", a expliqué M. Houngbo.
Le séminaire avait pour objectif de catalyser un nouvel élan international visant à lutter contre les nombreux effets de la sécheresse, qui conduit non seulement à des souffrances liées à la faim mais cause également des pertes économiques de près de 8 milliards de dollars américains chaque année. Alors que le climat de la planète évolue, les vagues de sécheresse se font de plus en plus fréquentes. Depuis les années 1970, le nombre de zones terrestres affectées par des situations de sécheresse a doublé. Le fardeau est particulièrement lourd dans les pays développés où l'agriculture demeure un pilier économique. Les études montrent que plus de 80 % des dégâts et pertes causées par la sécheresse sont liés au secteur agricole dans les pays en développement. L'Afrique, en particulier, porte un lourd tribut. Entre 2005 et 2016, 84 sécheresses ont affecté 34 pays africains.