l'interview de Maria Helena BATISTA MURTA
fondatrice de l'Instituto Criança Viva
et organisatrice du Forum Social de l'Eau d'Amérique latine
propos recueillis par Martine LE BEC
Sources Nouvelles, IRC – février 2006
H2o – mars 2006
"Criança Viva" signifie l’Enfant vivant. Alors que l’Institut a vocation de développer la conscientisation et la formation socio-environnementale autour des bassins hydrographiques, nous avons tenu à privilégier le rôle de l’enfant. C’est au travers la curiosité et l’esprit de chercheur des enfants que nous souhaitons apporter une meilleure compréhension des choses, changer ce qui a besoin de l’être et conserver ce qui mérite de l’être. L’Institut prône aussi une vision holistique de l’univers et évidemment de l’eau qui en constitue le cœur. Cette vision va à l’encontre de toutes celles, communes, qui se fondent sur des analyses économiques.
Le Forum social de l’eau est né sur la volonté d’ouvrir le débat sur l’eau à tous les gens, quelle que soit leur condition. Beaucoup de gens, voire des sociétés entières, n’ont aucune connaissance, aussi élémentaire soit-elle, sur la production, la conservation et la préservation de l’eau. Le fait aussi d’organiser en Amérique latine un forum social de l’eau, c’est aussi une façon de s’opposer à la recrudescence d’un certain "boréalisme écologique". S’il est vrai de penser que l’Amérique latine et au-delà, tout l’hémisphère sud, est riche de ressources naturelles, il est faux d’imaginer que ses populations ne sont pas aptes à prendre en charge leur développement. C’est pourtant l’idée que les pays du Nord continuent de poursuivre, les États-Unis ayant ici repris le flambeau à l’Angleterre.
D’abord l’assainissement. Le continent accuse ici un extraordinaire retard. Alors qu’un pays comme le Brésil peut être considéré comme un pays neuf, nous accusons des taux de pollutions tout à fait exceptionnels. Le deuxième défi concerne la souveraineté : l’affirmation de notre capacité de gérer un développement durable. La question est évidemment liée à celle de la privatisation des services de l’eau. Si l’économie a besoin de l’eau, l’eau ne peut en aucun cas être considérée comme un bien économique.
Une table ronde sera organisée sur le sujet avec Madame Danielle Mitterrand, Riccardo Petrella et Sylvie Paquerot. L’idée du droit DE l’eau, aujourd’hui défendue, par Madame Mitterrand est à mon sens essentielle. L’eau est plus qu’un droit, elle est le support essentiel de la vie, sa condition première. Le droit de l’eau, c’est l’obligation de remettre aux générations futures une planète intacte. .