l’interview de Medhi LAHLOU
économiste, professeur à l’Institut
national de statistique et d’économie appliquée INSEA – Rabat Maroc
propos recueillis par Martine LE BEC
Sources Nouvelles, IRC – septembre-octobre 2004
H2o – novembre 2004
Le défi majeur est celui de la pauvreté. Le problème va s’accentuer
dans les pays pauvres d’Afrique, et même dans les moins pauvres. Du
fait aussi des questions d’insécurité, notamment au Moyen-Orient, il y
aura de moins en moins de financement disponible pour faire face à la
pauvreté. Ainsi les autorités américaines viennent de décider que sur
les 18 milliards de dollars devant être affectés à la reconstruction de
l’Irak, 3 milliards seront prioritairement affectés à la sécurité. Le
rapport des Nations unies pour la population mondiale (UNPFA) tire la
sonnette d’alarme, de même que le récent Forum mondial urbain : un
milliard de personnes vivent aujourd’hui dans des bidonvilles, ce
chiffre devrait doubler d’ici à 2020.
Oui, la situation est surtout dramatique en Afrique. Elle s’est en
revanche nettement améliorée en Amérique latine ainsi qu’en Asie, à
l’exception de certaines poches de pauvreté qui subsistent ici et là,
par exemple aux Philippines, dans certaines régions de l’Indonésie, au
Bangladesh ou encore – ici pour des raisons évidentes de sécurité – au
Pakistan et en Afghanistan. Mais s’agissant de l’Afrique, c’est une
énorme partie du continent qui est aujourd’hui en train de péricliter :
en réalité toute l’Afrique sub-saharienne, depuis la Mauritanie
jusqu’au Congo-Kinshasa, et même au-delà, jusqu’à la frontière nord de
l’Afrique du Sud. À des décennies de laxisme et de détournement en
matières politique et économique, s’ajoutent des problèmes d’insécurité
qui font que les investissements directs étrangers sont largement
insuffisants. Partant de là, les solutions sont difficiles.
Une coopération internationale s’est mise en place, cette
coopération a été initiée et reste encore trop largement du domaine des
ONG internationales. Un autre élément positif est la prise de
conscience de cette situation, une prise de conscience à laquelle le
système des Nations unies a fortement contribué.
Des actions pratiques et urgentes doivent être engagées en faveur de
la préservation des ressources hydriques, du traitement des pollutions
et de l’assainissement des villes. Mais au-delà de ces actions
concrètes, c’est sur l’éducation qu’il faut aussi porter des efforts.
La sécurité des populations en matière d’eau potable et
d’assainissement viendra par une meilleure appréhension de l’eau et de
ses usages.
Plutôt réservé. .
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