Assainissement et utilisation de l’ancien port de la Basse-Deûle
carton 33,7, Bibliothèque municipale de Lille
Entre 1800 et 1850, l’industrie lilloise connut un essor fulgurant. Son activité textile était alors très reconnue, et d’autres filières telles que la métallurgie de transformation. Celle-ci eut une importance économique considérable pour la ville de Lille. Cet essor industriel eut pour conséquence l’augmentation de la population lilloise et des banlieues proches. L’augmentation de la population et du nombre d’industries eut des effets néfastes sur l’état des canaux. Ces derniers servaient d’exutoire aux déchets à la fois industriels (textile, boucherie) et domestiques (ordures ménagères, latrines publiques et privées…). Les canaux peu profonds et tortueux, où la circulation des eaux se faisait difficilement, devenaient rapidement insalubres et sources d’épidémies. La plus connue est celle du choléra survenue sur le territoire lillois en 1832.
Dès 1819, la municipalité s’était engagée dans une politique d’entretien des canaux, l’arrêté du 25 octobre interdisait de jeter dans les canaux, égouts et aqueducs :
Un service de la voirie fut créé, composé d’agents de police "les rois de ribauds" responsables du ramassage des bêtes mortes, des Eauwiers (Oyers) chargés de l’entretien des fontaines, des canaux et des égouts, des Angelots (éboueurs) chargés de répandre les boues dans les bouvacques situés hors de la ville, et de particuliers adjudicateurs chargés de l’enlèvement des ordures aux frais des habitants.
Lille disposait de quatre canaux auparavant navigables (le Trou aux aiguilles, la Rivièrette, le Becquerel, et le Bucquet), mais avec l’état d’insalubrité des canaux, les écluses étaient uniquement utilisées comme effet de chasse pour le désenvasement. Les barques mêmes plates n’avaient alors plus la possibilité de remonter le courant.
Malgré les démarches entreprises par la commune, l’état de canaux ne cessait de se dégrader. En 1820, le canal de la Quenette fut recouvert, et suite aux agrandissements de 1858 et de 1870, la ville décida de recouvrir ces canaux et ainsi d’aménager les premiers égouts modernes. Par ordre chronologique, la municipalité fit voûter de 1860 à 1885, les canaux des Célestines, du Pont de Flandre, de l’Hibernois, et la Rivièrette, en 1864 le canal Saint-Jacques, le canal des Sœurs-Noires, et le canal de la Comédie, en 1875, le canal des Poissonceaux, en 1879, le canal de l’Arc et le canal des Molfonds, en 1912, le canal de la Baignerie, et de 1925 à 1930, la Basse-Deûle, au niveau du Peuple-Belge. Au XXe siècle, l’ensemble de canaux avait disparu, devenant des égouts collecteurs à l’exception de quelques-uns : le quai du Wault, le canal de l’Esplanade et les canaux intérieurs de la citadelle.
Projet de construction des égouts collecteurs dans l’hypothèse de la conservation du bassin de la Basse-Deûle, carton 33,8, Bibliothèque municipale de Lille |