Le canal de la Baignerie était une partie du fossé d’enceinte après l’agrandissement de 1280, permettant l’annexion de Ste-Catherine, quartier entourant l’église du même nom. En 1604, la Haute-Deûle passait dans la ville à travers une porte d’eau fermée par une grille, lieu où se faisait le dépôt des marchandises. Celles-ci étaient transportées par chariot et acheminées vers la Basse-Deûle.
Le canal fut remblayé en 1912, les détritus industriels et ménagers déversés en aval favorisaient l’envasement. À proximité du Pont d’Amour (construit en 1604) et d’un abreuvoir situé rue des Bouchers (existant jusqu’en 1815), le canal débouchait sur un lieu surnommé le "Trou peu net".
Le canal du Weppes passait sous le rang de maisons face à la rue Thiers puis se dirigeait vers la place de la Treille. Au croisement de la rue du Cirque et de la rue de la Molette se trouvait le pont de Roubaix. Le canal se divisait en ce point en deux bras : l’un constituait le canal de la Monnaie et l’autre le canal du Cirque. Ces deux canaux se rejoignant donnaient le canal Saint-Pierre.
Le canal de Weppes, 1855, Bibliothèque municipale de Lille |
Le nom du canal de la Monnaie venait du fait que Lille possédait un atelier monétaire qui, à l’époque bourguignonne, fut transféré à Bruges. En 1865, le roi Louis XIV fit rétablir l’établissement, constitué d’un petit bâtiment donnant sur le canal (près de la place aux Oignons) et d’un logement de fonction, rue aux Péterinck et rue de la Monnaie. Ce bâtiment fut à plusieurs reprises au cours des siècles rasé, reconstruit et réaménagé. Aujourd’hui, il accueille la Centrale des Œuvres. Le canal Saint-Pierre franchissait la rue de la Monnaie et actionnait le moulin Saint-Pierre jusqu’à la fin du XIXe siècle. Ce moulin appartenait à l’Hospice-Comtesse.
Le canal des Poissonceaux servait de fossé d’enceinte entre le canal de la Baignerie et le canal des Molfonds, avant d’être canalisé en 1144. L’agrandissement de 1304 permit à la ville de Lille de s’étendre au-delà du canal des Poissonceaux. Au XIXe siècle, le canal circulait tantôt dans un sens tantôt dans un autre suivant l’utilisation des eaux par le moulin Saint-Pierre et celui du Château situé alors place Louise de Bettignies. En 1875, le canal fut couvert, l’état du canal n’avait cessé de se dégrader, comme le décrit en 1866, F. Roure, inspecteur départemental du service de la salubrité publique du Nord : "[…] ses eaux sont stagnantes ou ont si peu de mobilité que les détritus qu’il charrie, se déposent dans le calme de son lit trop large, et y fermentent […]."
Canal des Poissonceaux, Plans du cadastre napoléonien 1881, Section I, feuille 3, Archives départementales du Nord |
Le canal de la Vieille-Comédie reliait la place Rihour à la rue des Fossés, connecté au canal des Boucheries, ce dernier se dirigeait vers la rue Anatole France. Le canal des Boucheries recevait les eaux salles des boucheries, situées derrière la Halle Échevinale (de 1285 à 1549) et de la Grand-Garde (de 1550 à 1717) et les eaux provenant des marchés aux poissons, situés rue Faidherbe (de 1521 à 1870). En ce point, il prenait le nom de "Trou aux anguilles" puis rejoignait le canal Saint-Clément (rue des Arts) et le canal de la Quennette, puis le canal des Sœurs-Noires.
Le canal des Jésuites permettait l’entrée des eaux véhiculées par les fossés de la ville. Le passage sous les remparts était voûté, une écluse permettait de réguler les débits ou par effet de chasse, de désenvaser les canaux. Le canal des Jésuites traversait le collège des Jésuites à ciel ouvert et fut couvert en 1713. Le canal des Molfonds suivait son cours parallèle à la rue des fossés et la rue Béthune. En aval, le canal recevait le canal des Hibernois et le canal de la Vieille-Comédie. Le canal de la rue de Paris débouchait sur le canal des Ponts des Comines. Ce dernier passait au XVIIIe siècle sous le marché au fil de lin, situé entre la rue de Paris et la rue Schepers. Au-delà, les habitants devaient franchir un pont en bois pour circuler de part en part. La partie entre les rues Schepers et Faidherbe, le canal fut recouvert de 1820 à 1836 aux frais des riverains. Les derniers ponts disparurent en 1846.
Les eaux du Becquerel venaient des carrières de Lezennes et des sources du Plach (étang situé au Prieuré de Fives). Ces eaux chaudes réputées alors pour soigner les ophtalmies lui ont donné le nom de Chaude-Rivière.
Le Becquerel, Plans du cadastre napoléonien 1881, Section I, feuille 6, Archives départementales du Nord |
Le nom du canal des Hibernois doit son origine au collège fondé en 1610, pour les catholiques irlandais chassés de leur pays. Le canal entrait dans l’enceinte de la ville, longeait la rue de la Vignette et le jardin des Capucins (de 1515). Au niveau de l’écluse du Pont Bruyant, située alors à l’intersection entre les rue du Plat et du Molinel, le canal des Hibernois (Haut-Hiberbernois) se divisait en deux branches : le Bas-Hibernois et la Rivièrette.
Le canal des Sœurs-Noires devait son nom à la couleur des vêtements des sœurs Augustines (robe noire serrée avec une ceinture en cuir), installées en 1327 entre le boulevard Carnot et la rue de Roubaix. Sous la Révolution, le couvent servit d’abris aux Sans-Culottes de la Société Populaire puis fut vendu en 1797. Le jardin menant au canal disposait d’un élégant débarcadère, qui disparut dans les années 1960. En 1849, le choléra sévit, les riverains pensèrent alors à couvrir le canal ainsi que celui des Vieux-Hommes. En 1864, ces canaux furent entièrement recouverts.
Canal des Sœurs-Noires, 1850, Bibliothèque municipale de Lille |
En 1300, Philipe IV le bel fit construire le château de Courtrai pour contrôler la route de Courtrai-Gand et protéger la ville de Lille. Ce qui amena à creuser un fossé donnant naissance au canal des Célestines et au canal du Pont de Flandre. L’agrandissement de 1620 transforma le fossé d’enceinte en simple canal. Le château de Courtrai n’existait alors plus, démantelé à partir de 1578.
Le quai de la Basse-Deûle longeait l’hospice général ouvert en 1743 et le canal du Magasin à fourrages longeait les Haras et le magasin aux fourrages. Ce canal servait de débarcadère pour les matériaux amenés par péniches.
Le canal de la Basse-Deûle, Plans du cadastre napoléonien 1881, Section A, feuilles 3 & 2, Archives départementales du Nord |
Le Palais de Justice, vue prise de la Basse-Deûle, "Souvenir de Lille", Bibliothèque municipale de Lille |
Le transfert des marchandises de la Haute-Deûle à la Basse-Deûle se faisait en traversant la ville par chariot, une rupture de charge de trois mètres séparait les deux rives. Le passage de la Deûle à travers l’Esplanade prévu par Vauban fut refusé, car la ville vivait du transbordement des marchandises. Ce fut qu’en 1751, que le canal de l’Esplanade fut creusé reliant la Haute-Deûle à la Basse-Deûle. En 1370, le quai du Wault fut connu sous le nom de "Petit port de la Neuve-Navie", en 1872, sous le nom de "quai Saint-Martin" puis en 1882, sous son nom actuel. Suite aux agrandissements de 1670, le quai du Wault fut intégré dans l’enceinte de la ville. En 1966, le quai du Wault fut isolé de la Deûle ne constituant plus qu’un bassin, l’un des derniers vestiges d’une ville rivière.
Le quai du Wault et le canal de l’Arc, Plans du cadastre napoléonien 1881, Section I, feuille 2, Archives départementales du Nord |
"Les canaux de Lille, qui suscitent de nos jours un certain nombre de regrets rétrospectifs, font au XIXe siècle l’objet de plaintes unanimes. Leurs émanations fétides et les foyers de putréfaction qu’ils représentent les font condamner sans appel", Lille au fil de l’eau, éd. La Voix du Nord.
Quai de la Basse-Deûle, Lille, 1902-1907, Archives départementales du Nord |
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