photo – SEAM
contruction des toilettes dans le lycée de Vorniceni
Le principal objectif de cette
coopération, débutée en 2007,
est l’assistance technique du
SIAAP, Syndicat interdépartemental pour l'assainissement de l'agglomération parisienne, auprès de la municipalité
de Vorniceni, en Moldavie pour l’assainissement
de la commune. Cette dernière,
avec l’aide de l’ONG Solidarité
Eau Europe (SEE) et du SIAAP,
devra établir des planifications de
l’assainissement du village.
Le SIAAP met à disposition des
techniciens afin d’établir ensemble
les meilleures solutions pour répondre
aux besoins de la population
et aux contraintes financières.
La Moldavie est le pays le plus pauvre d’Europe, environ 30 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. Le pays subit une émigration importante vers la Russie et l’Union Européenne, et les villages se vident de leurs "forces vives". La pauvreté est beaucoup plus grande dans les zones rurales, où vit encore près de 60 % de la population.
Actuellement, en Moldavie, la question de l’assainissement n’est pas considérée comme une priorité par les autorités locales. Le nombre limité de spécialistes dans ce domaine, ainsi que le faible financement et le manque d’éducation à l’hygiène compliquent l’atteinte des OMD dans ce pays.
Plus de la moitié de la population
moldave n’a pas accès à l’assainissement.
La situation est très
inégale, notamment entre les villes
et les campagnes. Dans les zones
rurales, il n’existe pratiquement pas
de systèmes d’assainissement. Environ 80 % des puits des zones
rurales ne sont pas potables,
du fait de contaminations bactériennes
(responsables de diarrhées,
d’hépatites, etc.) et chimiques
(fluorose dentaire, problème
de reins, etc.). Dans les villages, l’accès à
l’assainissement se résume aux
latrines auto-construites ; les latrines
des établissements scolaires
sont rudimentaires, et ne respectent
pas les standards d’intimité
et d’hygiène. Dans les villes, les
stations d’épuration sont vétustes,
et aucune n’a été construite depuis
les années 1990. La station d’épuration
reste la seule réponse que les
autorités envisagent pour résoudre
les problèmes d’assainissement,
mais les moyens d’investissement
sont extrêmement faibles et les
compétences sur place à renforcer.
Le manque d’accès à l’assainissement surtout dans les zones rurales est dû à la fois à des défaillances au niveau institutionnel et à l’inadaptation des solutions techniques.
Depuis 2006, Solidarité Eau Europe a mis en place une action pilote en Moldavie, associant des projets concrets sur le terrain et un travail au niveau institutionnel pour la mise en place de politiques accordant la priorité à l’eau et l’assainissement en zone rurale. SEE concentre son action sur les zones rurales, et sur la recherche des solutions techniques et des mesures appropriées qui peuvent à court et moyen termes améliorer les conditions de vie des populations. Sur le terrain, SEE mène des actions de sensibilisation et d’éducation à l’hygiène, met en place des constructions pilotes (toilettes écologiques) et mobilise la jeunesse et les acteurs locaux.
Sur le plan institutionnel, SEE a
mené en collaboration avec le
Regional Environmental Centre
Moldova des sessions de consultations
auprès des élus locaux sur la "Stratégie de l’approvisionnement
en eau et de l’assainissement
pour les localités de la République
de Moldavie", présentée
par le gouvernement en 2007.
Les recommandations issues de
ces consultations, ainsi que des
commentaires découlant d’une
analyse approfondie ont été remis
au gouvernement moldave.
Le village de Vorniceni (5 000 habitants), à l’image de beaucoup de villages moldaves, connaît une situation extrêmement préoccupante en termes d’accès à l’eau et à l’assainissement. Les conditions de vie, l’environnement et la santé des habitants s’en trouvent fortement dégradées. Face à ces problématiques, SEE a eu connaissance d’une demande émanant des habitants du village de Vorniceni pour améliorer l’accès à l’assainissement. En 2006, SEE a ouvert une branche locale Solidaritate Europeană Pentru Apă în Moldova (SEAM) et a développé un programme dans le village de Vorniceni. La Mairie de Vorniceni, SEAM et SEE ont monté un projet d’accès à l’assainissement en sollicitant le financement, les compétences et l’expertise du SIAAP. Afin d’assurer la pérennité du projet et renforcer les capacités communales, ce programme associe des projets concrets sur le terrain avec un travail au niveau institutionnel pour la mise en place de politiques accordant la priorité à l’eau et l’assainissement en milieu rural.
Le volet sensibilisation est destiné à l’ensemble de la population du village. Des sessions d’éducation à l’hygiène sur les règles pouvant améliorer les conditions de vie (ne pas jeter les eaux usées à proximité immédiate des habitations, par exemple) sont organisées à l’attention des élèves du lycée, des professeurs, des élus, etc. Parallèlement, un travail a été engagé avec les professeurs pour mettre en place des fiches pédagogiques sur l’accès à l’assainissement et l’éducation à l’hygiène. Ces fiches seront intégrées au programme de la rentrée scolaire. D’autres méthodes sont utilisées à l’attention des lycéens, acteurs extrêmement actifs sur ce projet : une radio est mise en place dans le lycée et chaque jour est diffusé un programme court sur l’assainissement et l’hygiène. Ce travail de sensibilisation est destiné à assurer la pérennité des futures installations sanitaires.
Le volet terrain consiste à équiper de toilettes écologiques le lycée de Vorniceni. Avant ce projet, les élèves allaient dans le fond de la cour : il n’y avait ni portes, ni séparation, ni intimité. Les toilettes se limitaient à de simples trous. Ce manque de salubrité et cette absence d’hygiène pouvaient avoir de sérieuses conséquences sur la dégradation de la santé des élèves. A la demande des lycéens, SEE a initié durant l’été 2008 la construction de toilettes écologiques avec un point d’eau pour se laver les mains. Ces toilettes protègeront l’intimité des élèves et surtout leur santé et l’environnement.
C’est un projet de longue haleine en raison de l’implication de tous les acteurs locaux et du volet de sensibilisation. Mais ce sont là deux conditions cruciales pour la pérennité et l’entretien du système d’assainissement, et par répercussion, pour l’amélioration durable des conditions de vie des habitants du village. Ce projet est d’ailleurs destiné à inspirer les autres villages alentours. En effet, à l’automne 2008, SEE organise un atelier de travail régional en Moldavie pour diffuser ce projet et encourager d’autres collectivités territoriales à améliorer leur système d’assainissement.